- CHINOIS (SYSTÈMES MONÉTAIRES)
- CHINOIS (SYSTÈMES MONÉTAIRES)CHINOIS SYSTÈMES MONÉTAIRESL’histoire monétaire chinoise apparaît comme une succession de systèmes très différents. Dans la mesure où son économie n’était pas rattachée étroitement aux grands courants du commerce international, la Chine avait la possibilité de se livrer à des expériences originales.La plus ancienne monnaie chinoise connue est constituée par des cauris. Dans l’écriture chinoise, la notion de valeur est d’ailleurs représentée par l’image simplifiée d’une coquille. L’existence d’une monnaie de cauris suppose des liens commerciaux ou politiques avec des populations méridionales et peut-être même avec des peuples riverains de l’océan Indien, mais le problème de la nature exacte de ces relations n’a pas été résolu. À partir du début du \CHINOIS (SYSTÈMES MONÉTAIRES) Ier millénaire, le bronze, jusque-là réservé à la fabrication de vases rituels, d’armes et d’outils, commence à être utilisé dans l’émission de signes monétaires. Cette période dure jusqu’aux environs du \CHINOIS (SYSTÈMES MONÉTAIRES) IIIe siècle; elle est caractérisée par la mise en circulation d’une très grande variété de monnaies de bronze: imitations de cauris, pièces rondes, pièces en forme de bêches, de houes ou de lames de couteaux, qui correspondraient à des monnayages de cités. L’unification de la Chine par Qin Shi Huangdi en \CHINOIS (SYSTÈMES MONÉTAIRES) 221 a pour conséquence directe la création d’un système monétaire national. L’œuvre d’uniformisation entreprise dans ce domaine s’inscrit dans le cadre d’une lutte contre les particularismes locaux. Ce système permet une double circulation de pièces d’or et de bronze; la fixation d’un rapport précis entre les deux métaux est faite par l’autorité centrale. Ce système bimétalliste demeure en usage jusqu’à la fin de la dynastie des Han (\CHINOIS (SYSTÈMES MONÉTAIRES) 206-220) et rend possible un certain développement des échanges commerciaux avec le monde gréco-romain. La période médiévale des Six Dynasties et des Tang (IIIe-IXe s.) est caractérisée par une multiplicité des monnaies. Alors que la monnaie de bronze demeure en théorie l’instrument officiel des échanges, la fiscalité accorde un rôle prédominant aux tissus, en particulier aux coupons de soieries. De plus, l’or et l’argent continuent à servir de valeurs d’échange bien qu’ils ne soient plus monnayés. C’est avec l’avènement de la dynastie des Song (960-1279) que les émissions monétaires prennent une importance particulière dans la vie économique et dans les finances impériales. L’effort de monétarisation des revenus de l’État a pour conséquence un gonflement spectaculaire des émissions de sapèques en bronze, qui passent de 135 millions de pièces par an vers 800 à 6 milliards en 1073. L’accroissement considérable de la masse monétaire qui résulte de cette politique provoque une nette dépréciation du bronze par rapport à l’or et à l’argent. Pris entre l’obligation d’accroître sans cesse ses ressources pour faire face à des dépenses en hausse constante, le gouvernement chinois s’engage dans un cycle d’inflation. Les innovations de l’époque Song (émission de monnaie de fer, dévaluations de la sapèque de bronze et mise en circulation de billets à terme gagés sur les revenus fiscaux) apparaissent donc comme des expédients destinés à pallier l’impasse budgétaire. Pendant l’occupation mongole (1279-1368), l’exploitation économique du pays est réalisée au moyen du cours forcé de la monnaie de papier, qui se déprécie constamment. Au moment de la restauration nationale des Ming (1368), la Chine est revenue dans une très large mesure au stade de l’économie naturelle. En instituant une fiscalité en nature et en éliminant la monnaie de papier totalement discréditée, les nouveaux dirigeants tentent de limiter le rôle des signes monétaires. Cependant, bien que les seuls monnayages aient été des émissions de sapèques de bronze, le système monétaire de cette période (1368-1840) fonctionne en fait sur un bimétallisme argent-bronze. De plus en plus, les grosses sommes sont acquittées en lingots d’argent estampillés, dont le cours est fixé par les autorités centrales. Il existe toutefois un grave problème du fait que le pays dépend en très grande partie des rentrées du commerce extérieur pour son approvisionnement en métal blanc. Beaucoup plus qu’aux époques antérieures, l’équilibre monétaire de la Chine est donc tributaire de la balance des paiements. L’afflux d’argent en provenance de l’Amérique espagnole provoque dès le XVIIe siècle un renchérissement du bronze. La tendance s’inverse à partir du XVIIIe siècle, lorsque la mise en exploitation des mines de cuivre du Yunnan permet d’accroître considérablement les émissions de sapèques. Le renversement de la balance commerciale chinoise, consécutif au développement des importations anglaises, puis à l’essor de la contrebande de l’opium, détermine une grave crise monétaire pendant les premières décennies du XIXe siècle, entraînant à terme la faillite du système monétaire traditionnel.Diverses causes ont été avancées pour expliquer la fragilité des systèmes monétaires chinois. Il n’est pas douteux que la pauvreté de la Chine en métaux (cuivre, argent, or) a interdit aux gouvernements d’acquérir une maîtrise de la masse monétaire. La préférence accordée à la sapèque, monnaie encombrante dont la valeur nominale tombait fréquemment au-dessous du prix du métal, peut être considérée, d’autre part, comme un choix dangereux. On doit, enfin, évoquer le faible développement des banques et institutions de crédit, qui rendait impossible le soutien de la monnaie par le recours à l’emprunt.
Encyclopédie Universelle. 2012.